Interview de notre directeur en Mongolie
Article paru dans le Magazine Randonner à Cheval.
Depuis combien de temps aimez-vous le cheval ?
En Mongolie, on ne se pose pas la question de savoir si on aime ou pas le cheval, il fait partie de notre vie, de notre histoire et de notre culture…
Depuis tout petit, j’ai monté à cheval, même si je ne suis pas issu d’une famille nomade. Je suis né et j’ai grandi à Oulan Bator, la capitale de la Mongolie, mais à chaque occasion, nous partions rejoindre des amis et de la famille dans la steppe pour monter à cheval ensemble.
Pourquoi avez-vous choisi l’équitation d’extérieur ?
C’est le choix naturel en Mongolie ! Même pour les compétitions traditionnelles, comme les courses de Naadam auxquelles j’ai participé dès mes 11 ans, tout se fait en extérieur, l’entrainement comme la course elle-même, qui peut aller jusqu’à 30 km selon l’âge du cheval…
Quelle équitation auriez-vous pratiquée si vous n’aviez pas choisi la rando ?
J’aurais continué à aider mes amis nomades dans leurs tâches quotidiennes : rassembler les troupeaux de chevaux, de yacks et de moutons, déplacer les camps de yourtes lors des changements de pâturages…
C’est l’équitation mongole traditionnelle, qui fait partie intégrante du mode de vie nomade depuis des siècles.
Quel est votre plus beau souvenir en randonnée ?
Difficile de trouver un souvenir qui se détache vraiment. Chaque rando est avant tout une aventure humaine : une rencontre avec des cavaliers issus d’horizons différents et à qui je fais découvrir la richesse de mon pays. Tout cela fait beaucoup de beaux souvenirs !
Quel est votre plus mauvais souvenir ?
Lors du repérage du nouvel itinéraire « Rando Cheval Confort » en 2011, nous sommes arrivés à un camp qui devait nous accueillir pour la nuit, et qui s’est avéré fermé ! Evidemment, dans ces cas-là, tout se ligue contre vous, il avait plu toute la journée et nous étions vraiment fatigués.
Il fallait trouver une solution, et nous avons dû rejoindre le camp du lendemain, faisant deux étapes en une, sous la pluie. Nous avons parcouru ce jour-là plus de 60 km, dont toute la dernière partie au galop pour arriver avant la nuit.
Cela a finalement été un moment magique pour tous les participants, de galoper ainsi à travers la steppe, en poussant nos chevaux de rechange qui étaient en liberté. C’était vraiment l’aventure…
Quand nous reparlons de ce voyage, c’est le souvenir qui revient le plus souvent, et c’est suite à ce repérage que la décision de créer Randocheval Mongolie a été prise par Sabine Grataloup, la fondatrice de Randocheval, qui faisait partie du voyage.
Quelle est votre race d’équidé préférée pour randonner ?
Le cheval Mongol, bien sûr !
C’est un cheval à la résistance et à la générosité impressionnantes.
Son endurance est due à des siècles de sélection par l’homme, mais surtout à son mode de vie : les chevaux passent toute leur vie en semi-liberté dans la steppe, ils doivent survivre à des hivers pendant lesquels la température descend jusqu’à -40°, devant chercher leur nourriture sur des dizaines de kilomètres.
Les chevaux actuels sont ceux qui ont résisté depuis des générations à ces conditions extrêmes, ils ont un courage immense et une capacité à vivre ensemble qui est une des conditions de leur survie.
On parle souvent de leur petite taille, en fait les chevaux que nous utilisons mesurent souvent près d’1m50, et je peux vous dire que même moi qui mesure 1m77, je suis loin d’avoir les pieds qui trainent par terre !
Quelle est votre destination préférée ?
La Mongolie, en tout chauvinisme…
Objectivement, quelle destination au monde rassemble à un point aussi extrême une culture équestre millénaire et des espaces naturels aussi variés et immenses ?
Mais je voudrais également découvrir d’autres pays, en particulier faire un safari à cheval en Afrique !
Quel est le nombre de cavaliers idéal pour partir ?
Six à huit personnes est une bonne taille pour avoir à la fois une dynamique de groupe, tout en permettant des contacts aisés avec les familles nomades que nous rencontrons.
Quelles sont vos préférences en matière d’hébergement ?
La yourte a toujours pour moi, et pour mes clients, un côté magique… et confortable !
Mais je préfère tout de même camper en pleine nature, dîner autour du feu de camp, découvrir la beauté du paysage le matin au lever du soleil…
Quel est le kilométrage idéal à parcourir chaque jour ?
Je dirais que le kilométrage idéal est celui qui permet aux cavaliers de se faire plaisir en fonction de leur niveau équestre et du terrain rencontré. Une étape longue et rapide sera un rêve pour des cavaliers confirmés et un cauchemar pour des cavaliers plus novices.
C’est tout le travail et le tact du guide de ressentir ce que souhaitent les cavaliers, et d’adapter éventuellement l’itinéraire, ce qui est plus facile à faire lorsque nous passons la nuit en bivouac.
Quelle est la qualité que vous appréciez le plus chez un équidé de randonnée ?
Un cheval énergique, qui n’a pas besoin d’être poussé, tout en restant fiable.
Quel est le défaut que vous détestez le plus ?
Le cheval peureux, qui peut être dangereux pour son cavalier et pour les autres.
Quel est le rêve lié à la randonnée que vous aimeriez réaliser ?
Il reste encore de nombreuses régions en Mongolie qui sont complètement inconnues des cavaliers occidentaux. Mon rêve est de créer de nouvelles randonnées dans ces paysages intacts, pour les faire découvrir à des cavaliers amoureux comme moi de mon pays.
C’est un rêve que j’espère pouvoir réaliser dans les prochaines années, grâce à la création de Randocheval Mongolie !