Repérage – SRI LANKA – Rando à cheval à Ceylan
Repérage de notre randonnée équestre au Sri Lanka par Sabine, de l’équipe Randocheval.
En selle sur des chevaux Marwaris importés d’Inde, récit d’une chevauchée entre temples bouddhistes, plantations de thé, rizières et plages de l’Océan Indien…
C’est une destination inattendue dans le domaine du tourisme équestre qui va accueillir notre prochaine randonnée. Les Anglais l’appelaient Ceylan, et ce nom évoque l’arôme d’un thé parfumé et de la cannelle la plus fine…
Depuis 1972, elle a pris le nom de Sri Lanka, « l’île resplendissante », et ses habitants ne se sont pas trompés tant elle recèle de beautés.
Ce n’est pourtant pas en terre inconnue que j’atterris, fin janvier 2008, puisque je connais bien ce pays, pour y avoir des amis depuis l’âge de 12 ans. Je l’ai déjà visité de nombreuses fois, et à chaque fois avec le regret de ne pas pouvoir y monter à cheval, les chevaux y étant quasiment inexistants !
C’est donc avec enthousiasme que j’ai pris part au projet de notre guide de faire venir des chevaux Marwaris d’Inde et de créer un centre équestre.
En mettant en commun notre connaissance du pays et des randonnées équestres, sa connaissance des différents itinéraires possibles, et la compétence d’un ami pour l’organisation logistique des voyages, nous avons enfin réussi à bâtir un voyage à cheval au Sri Lanka particulièrement varié, intense et unique !
Un voyage équestre original
L’heure est maintenant venue de concrétiser ce vieux rêve à l’occasion du voyage d’ouverture, et trois valeureux cavaliers Belges et Alsaciens m’accompagnent dans cette aventure !
Première originalité de ce voyage qui n’en manquera pas, nous allons visiter à cheval plusieurs régions de l’île, offrant des attraits particulièrement variés : rizières, jungle et sites archéologiques dans le Triangle Culturel, jardins de thé à Nuwara Eliya, plantations de caoutchouc et de palmiers à Mathugama et plages immenses de l’Océan Indien à Bentota…
Un chauffeur s’occupera des transferts entre chaque région, nous permettant de visiter en toute liberté les nombreux centres d’intérêt qui jalonnent ce parcours.
Notre chauffeur nous attendait à l’aéroport de Colombo (avec un collier de fleurs, pour un avant-goût de l’exubérance végétale du Sri Lanka), et nous avons immédiatement pris la route vers le centre de l’île, la capitale ne présentant que peu d’intérêt.
Nous nous installons à l’hôtel Kandalama, un hôtel 5* à l’architecture étonnante parfaitement intégré dans une jungle verdoyante et surplombant un lac immense. L’engagement écologique de cet établissement précurseur lui a d’ailleurs valu plusieurs récompenses. De petits singes se chamaillent dans les arbres jusqu’au cœur de l’hôtel !
Les oreilles en point d’interrogation des chevaux Marwaris !
Après quelques heures de repos appréciables, nous faisons connaissance le lendemain matin avec les chevaux, des Marwaris qui m’avaient déjà enchantée lors de notre randonnée au Rajasthan il y a quelques années. Jenny, la cavalière Belge, a également déjà participé à nos randonnées au Rajasthan et la perspective de retrouver les Marwaris dans un environnement différent a été pour beaucoup dans sa décision de se joindre à nous.
Ces chevaux aux curieuses oreilles recourbées m’avaient alors étonnée par leur endurance et leur gentillesse. Importés d’Inde par notre guide avant que les exportations ne soient interdites il y a quelques mois, ils ont permis d’introduire l’équitation, jusqu’alors quasi inexistante, au Sri Lanka.
Ce sont les mêmes chevaux que nous monterons tout au long de notre périple, puisqu’ils seront transférés comme nous d’une région à l’autre : tout d’abord ici, dans le Triangle Culturel, puis dans la région du thé, avant de rejoindre Mathugama et la splendide plage de Bentota.
La sellerie est composée de sortes de selles d’armes recouvertes d’un rembourrage pour les rendre plus confortables. Après quelques ajustements, Jenny finissant par opter pour une selle anglaise, et Serge préférant enlever la protection, chacun arrive à trouver ses marques.
Je monte Suman, une superbe jument pie Sindhi, une race cousine des Marwaris, qui s’avèrera d’un allant et d’un confort à toute épreuve. La jument de notre guide, Chandrika, a la particularité, présente chez certains Marwaris, d’avoir une allure supplémentaire, le Reeval, un peu semblable au tölt des chevaux Islandais.
Capitales en ruine dans une jungle peuplée d’éléphants
Nous sommes au cœur du Triangle Culturel, qui rassemble les anciennes capitales du royaume cingalais, dont l’architecture s’inspire du bouddhisme arrivé d’Inde il y a plus de 23 siècles. L’audace architecturale et le savoir-faire artistique de ces anciens peuples, dont les plus anciens temples rivalisent de hauteur avec les pyramides d’Egypte, ne cesseront de nous étonner.
Ces vestiges archéologiques, classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco, sont plongés au cœur d’une jungle tropicale qui héberge une des dernières populations d’éléphants sauvages de l’île. Un « corridor à éléphants » relie les différentes zones boisées de la région pour agrandir l’espace vital ouvert aux pachydermes.
Nous serons d’ailleurs étonnés, lors des prochains jours à cheval dans cette région, par l’étroite imbrication entre le patrimoine culturel et la nature sauvage. Comme si les anciens habitants de cette île avaient su vivre en harmonie avec la nature exceptionnelle qui les entoure…
L’immense lac qui s’étend au pied de notre hôtel est par exemple un réservoir artificiel construit il y a environ 2000 ans par un roi qui voulait favoriser l’irrigation des cultures de son peuple. Ces lacs sont nombreux dans toute l’île, et ils forment une importante réserve d’eau à la fois pour la population et pour les animaux sauvages.
Notre première journée à cheval se déroule dans la jungle environnante, autour du lac et dans les rizières. Nous sommes émerveillés par la véritable splendeur de ces paysages de rizières d’un vert fluo, ponctuées d’explosions de cocotiers et frangées de bananiers. Le premier galop, sur un sentier qui longe un des canaux issus du lac, avec les rizières en contrebas et les innombrables aigrettes qui s’envolent des berges à notre passage, est un moment de pur bonheur…
Des cavaliers qui testent leur endurance…
Nous sommes vite surpris par le rythme soutenu que le guide impose à notre petite troupe. J’avais prévenu Martine et Serge, qui ne connaissaient pas les Marwaris, de l’endurance extrême de ces chevaux, mais en fait c’est notre propre endurance que nous allons tester !
En raison de la chaleur tropicale, le programme prévoit 4 à 5 heures de cheval le matin, et des visites l’après-midi. Nous nous attendions donc tous à un voyage varié, mais relativement reposant.
Cependant, dès le deuxième jour, nous devons reconnaître que 5 heures à un rythme entre trot allongé et galop dès que le terrain le permet, c’est finalement beaucoup ! Dès le départ ce matin, nous avons galopé pendant près de 4 km dans la jungle, et ce n’était qu’un échauffement…
Alors que nous profitons, épuisés, d’un pique-nique délicieux au milieu des rizières, Serge et Martine me disent : « Tu sais, finalement, tu devrais passer cette randonnée en niveau trois » !
Ce niveau est le plus élevé, réservé aux cavaliers les plus expérimentés, et Serge et Martine sélectionnent habituellement ce type de randonnées car ils sont également férus d’endurance…
Tout est pensé pour maintenir ce rythme : un 4×4 logistique avec un groom par cheval est toujours à proximité, ouvrant la route et s’arrêtant à intervalles réguliers pour abreuver nos montures, voire leur verser de l’eau sur l’encolure, et ajuster le harnachement. La fille de notre guide est également dans le 4×4 et prend de nombreuses photos que nous retrouverons sur un CD à la fin de la randonnée.
De découvertes en découvertes
En fin d’après-midi, au retour de notre chevauchée, nous changeons de monture pour un quadrupède de huit tonnes, et c’est perchés sur un éléphant que nous explorons les abords d’un autre lac. Jenny est montée directement sur le cou de l’éléphant. Mais le pachyderme est taquin… et alors que nous traversons une rivière qui se jette dans le lac, il aspire de l’eau avec sa trompe, et Jenny est en première ligne pour une bonne douche !
Le lendemain, nous chevauchons vers la forteresse de Sigiriya, toujours à travers jungle et rizières. Cette citadelle est perchée au sommet d’un rocher de 370m visible à des km à la ronde. Nous entrons à cheval dans les jardins qui s’étendent à ses pieds, qui remontent au 5ème siècle et dont le système d’irrigation fonctionne encore !
Ce site est le plus célèbre du Sri Lanka, et c’est un peu comme si nous chevauchions en France dans le parc du Château de Versailles… Et au galop, s’il vous plait !
Nous escaladons le rocher pour découvrir les Demoiselles de Sigiriya, joyau de la peinture Sri Lankaise, dont la finesse du trait et des couleurs est intacte malgré 1500 ans d’histoire…
Au cours de notre chevauchée, en pleine jungle, nous explorons également un ancien monastère du huitième siècle, Kaludiya Pokuna, découvert récemment et encore en cours de fouille. Sa situation très isolée le maintient à l’écart des circuits touristiques et nous avons le privilège de pouvoir le visiter à cheval. Nous nous sentons comme des explorateurs dans ce lieu de méditation encore envahi par la jungle.
Le lendemain, nous découvrons Polonnaruwa, la deuxième ancienne capitale de l’île, qui abrite en particulier un superbe ensemble de statues de Bouddha gravées dans un seul énorme rocher, le Gal Vihara, ou « Temple de Pierre ». Nous visitons également les grottes de Dambulla, creusées dans un impressionnant rocher de 160m de haut, qui rassemblent de nombreuses statues et peintures de Bouddha dont certaines ont plus de 22 siècles !
A cheval dans les jardins de thé de Ceylan
Les trois jours suivants sont consacrés au trajet depuis le Triangle Culturel jusqu’à la région des plantations de thé, via Kandy, capitale spirituelle de l’île. Nous y visitons le temple bouddhiste le plus sacré de l’île – le Temple de la Dent – en référence à la relique du Bouddha qu’il abrite. Nous découvrons également de splendides jardins botaniques qui illustrent la richesse végétale de l’île, et un orphelinat d’éléphants où sont recueillis les éléphanteaux dont la mère a été tuée par des braconniers. Nous avons la grande chance d’y approcher un éléphanteau âgé d’à peine une semaine !
Nous rejoignons ensuite Nuwara Eliya, au cœur des plantations de thé, pour reprendre notre randonnée, sur nos chevaux Marwaris qui ont été transférés pendant notre étape à Kandy.
Changement total d’environnement, nous chevauchons parmi les jardins de thé de Ceylan, célèbres dans le monde entier. Ils forment d’immenses jardins Zen tirés au cordeau et qui s’étendent à l’infini, ondulant sur les pentes des collines et épousant la moindre variation de terrain !
En effet, la récolte du thé consiste à prélever le bourgeon terminal de chaque branche et une ou deux feuilles juste en-dessous. Chaque arbuste est donc taillé à la main toute l’année, ce qui donne à l’ensemble l’aspect d’une succession infinie de haies impeccables qui ondulent le long des collines.
La vision de ces plantations d’un vert brillant rehaussé par les couleurs vives des saris des femmes occupées à la cueillette est un enchantement. Nous n’avions jamais eu l’occasion de monter à cheval dans des plantations de thé et nous le faisons à Ceylan, réputée dans le monde entier pour la qualité de sa production !
Pendant cette étape, nous dormons dans un hôtel qui date de l’époque coloniale, dont l’architecture à colombages rappelle irrésistiblement l’Angleterre ou la Normandie, avec le charme d’une époque romantique et révolue.
Plantations de caoutchouc et de palmiers
Nous mettons ensuite le cap sur Mathugama, dans l’arrière-pays de la côte Ouest. Cette région est connue pour ses plantations de caoutchouc et de palmiers à huile. Une fois encore, nous changeons complètement d’environnement et de paysages.
Les palmiers à huile sont vraiment très impressionnants, beaucoup plus gros que les cocotiers, et nous avançons alors dans une végétation tropicale luxuriante. Le contraste est saisissant dès que nous passons dans les plantations de caoutchouc, car à cette époque les grands arbres n’ont pas de feuilles, et la beauté graphique des troncs veinés de blanc tranche avec les nuances de vert qui nous accompagnaient jusqu’à présent, des rizières à la jungle tropicale en passant par les jardins de thé !
Nous rencontrons une équipe de femmes en train de récolter le précieux latex et c’est une nouvelle leçon de choses que nous offre ce voyage décidément pas comme les autres. Une entaille faite dans l’écorce laisse s’écouler la sève blanche de l’arbre dans une demi-noix de coco qui est vidée régulièrement. Un travail très dur, dans des terrains souvent en pente et par une chaleur tropicale.
Nous logeons dans des bungalows coloniaux au milieu des plantations, privatisés pour nous. Nous nous sentons comme chez des amis dans cette ambiance intime et chaleureuse, prenant nos repas au bord de la piscine, à notre rythme.
Les plages de l’Océan Indien
Il est maintenant temps de remonter vers Colombo, mais nous ne pouvons résister à l’envie de passer deux nuits à Bentota, une des plus belles plages du Sri Lanka.
Nous sommes émerveillés par la beauté sauvage de ces plages immenses de sable doré bordées de cocotiers et baignées par l’Océan Indien, tropicales à souhait !
Les chevaux nous attendent sur la plage devant l’hôtel, et cette dernière chevauchée s’avèrera mémorable. Nos montures sont aussi enthousiastes que nous à l’idée de se défouler sur ces vastes étendues, et nous avons littéralement l’impression de voler à la lisière écumante des vagues et du sable.
Nous découvrons réellement l’étendue de la générosité et du cœur de nos chevaux Marwaris, dont nous sentons qu’ils sont capables de galoper jusqu’à leurs limites physiques. En fin de matinée, alors que nous sentons leur respiration rapide, naseaux grands ouverts, nous croyons qu’ils sont vraiment au bout de leurs forces. Nous sommes d’ailleurs au bout des nôtres…
Serge et moi sommes alors surpris par un départ très vif de Suman et Shyam et Serge me dit, admiratif, que ces chevaux galoperont jusqu’à mourir si nous ne sommes pas raisonnables pour eux. C’est exactement ce que me dit au même instant notre guide en anglais, et nous les arrêtons pour revenir calmement au pas vers l’hôtel.
Encore une fois, nous logeons dans un hôtel 5* magnifique, le Taj Exotica, le plus bel hôtel du Sri Lanka…
Du superbe Kandalama au cœur de la jungle, en passant par l’hôtel Mahaweli Reach à Kandy, le Grand hôtel colonial de Nuwara Eliya ou les bungalows de charme de Mathugama, la qualité des hébergements aura vraiment été un des points forts de ce voyage, nous permettant d’être frais et dispos pour profiter pleinement de nos intenses journées à cheval.
L’Ile aux Trésors
Avant notre départ, nous étions un peu inquiets, gardant en tête les images du tsunami de 2004 qui a durement frappé les côtes de l’île. Mais l’essentiel du voyage s’effectue dans l’intérieur de l’île, qui n’a pas été touché, et la nature généreuse, couplée à la volonté des hommes, a effacé les traces de la catastrophe sur le littoral de l’Océan Indien.
Nous n’avons pas non plus ressenti les conséquences du conflit qui oppose Tamouls et Cingalais dans le Nord de l’île depuis 30 ans, car les incidents sont limités à cette région et à la capitale, et notre itinéraire était loin de cette zone.
A l’heure du bilan, difficile de choisir l’expérience la plus marquante : l’endurance et la générosité des Marwaris, notre chevauchée Zen au milieu des jardins de thé, les galops de rêve sur les plages dorées, randonner au milieu des rizières, des plantations de caoutchouc ou galoper à travers les jardins du Versailles Sri Lankais !
Nous gardons le souvenir d’un voyage équestre hors normes, très dense mais qui n’a sacrifié ni le plaisir équestre, ni la découverte des richesses innombrables de cette île aux trésors décidément bien « resplendissante » !
- Pour plus d’infos sur ce voyage à cheval au Sri Lanka, contactez Randocheval du lundi au samedi au 04 37 02 2000 ou info@randocheval.com